Suite aux événements qui ont touché notre pays, voici quelques réactions :
Mgr Georges Pontier, président de la Conférence des évêques de France :
Dans sa capitale, notre pays a été touché par une série d’attentats d’une barbarie inégalée. Avec les catholiques de France, j’exprime ma profonde douleur devant cette extrême violence qui a retiré la vie à tant de personnes et blessé tant d’autres.
Mes pensées et mes prières vont aux victimes, à leurs proches, aux forces de l’ordre, aux soignants et à nos gouvernants sur lesquels pèse une lourde responsabilité. En ces heures difficiles, nous leur faisons confiance.
J’invite les catholiques de France, ce dimanche tout spécialement, par leur prière, leurs paroles et leurs actes, à être artisans de paix, d’unité, et témoins de l’Espérance.
Nous le savons, le mal n’aura pas le dernier mot.
Mgr Georges Pontier
Archevêque de Marseille
Président de la Conférence des évêques de France
Lazare, un grand homme de théâtre français :
Tous les théâtres de banlieue ont été créés après l’horreur de la Seconde Guerre mondiale. Que fait-on maintenant? Comment mettre en commun une histoire cachée que l’on ne sait plus articuler? En France et ailleurs, on a du mal à se rappeler. Aujourd’hui, je pense avec inquiétude à tous ceux issus de l’immigration qui ne cessent d’être stigmatisés inévitablement, excédés par la façon dont ils sont perçus. Les extrémistes m’inquiètent, mais tout autant la fascination terrible qu’ils peuvent exercer et le regard que l’on a posé sur ceux qui sont déjà séparés. Cette séparation, je la sens dans mon corps, par mon histoire. Quand on est rejeté, quand on ne donne pas un nom réel à l’histoire vécue dans les corps, l’histoire de la colonisation est encore à faire et à enseigner. Je me souviens quand j’étais à la rue, le cerveau plein de flammes d’avoir raté, plein de désir et de rancune. Je serrais les poings. Des hommes sont venus me voir. Ils me racontaient l’histoire d’Algérie et la guerre, cachés. Ils m’ont a expliqué qu’ils voulaient nous changer en bêtes et que notre existence n’avait pas d’importance pour la France. Eux, se sont intéressés à moi et m’ont valorisé. Ils m’ont appris à lire. J’ai brûlé de fièvre et de douleurs. J’aime le théâtre comme quand on a faim. Il faut redonner la faim à ces adolescents des quartiers, l’envie de vivre, d’aimer, d’avoir soif de cet amour. » »Hier soir, j’ai pleuré. Je me sentais succombé. Des hommes ont tué. D’autres sur le sol où palpite le sang et la vie s’éloigne d’eux. Les lèvres entrouvertes sur des dernières paroles d’incompréhension. Je me réveille ce matin et ces événements se sont réellement passés. Les meurtriers suicidaires sont là. Ils font un travail de terrain minutieux et opiniâtre dans les quartiers de périphérie, sur Internet. Ils promettent une résolution du monde et des pays lointains originels. Les chants de représentation, la séparation, ils travaillent dessus et déchargent sur d’autres leur angoisse de mort. Et nous ne faisons rien pour les arrêter. Nous n’inventons pas les contre-valeurs chacun depuis notre lieu. La séparation est déjà là. Ils veulent creuser le fossé de cet être-ensemble. Ils attaquent dans des lieux de représentation où ils ne sont pas représentés. Artistes, allumez vos lampes d’auteurs. Entrouvez votre porte de lumière.
